L’addiction à la pornographie est une forme d’addiction sans substance liée à un comportement : la consommation effrénée de pornographie ou de cybersex.

Table des matières

  1. Définitions
  2. Ce qu’en dit l’OMS
  3. Comment on devient accro au porno
  4. Qui est concerné par cette addiction
  5. Les symptômes
  6. Les formes d’addiction
  7. Les effets de l’addiction
  8. Le sevrage
  9. Que faire pour s’en sortir ?
  10. Faut-il quitter un porno-dépendant ?

addiction porno

Définitions

On parle d’addiction au porno dès lors qu’une personne ne parvient pas, de manière répétée, à contrôler par sa volonté sa consommation de pornographie en dépit des conséquences négatives que cela peut avoir sur son quotidien. Les cliniciens parlent aussi de mésusage de pornographie.

En effet, la racine latine du mot addiction est ad-dicere : « dire à ». Les esclaves des romains n’avaient pas de nom propre : ils étaient appelés par le nom du maître de maison, ils étaient « dits à Untel ». L’étymologie du mot addiction exprime une absence d’indépendance et de liberté : un esclavage.

L’addiction se manifeste par une impossibilité répétée de contrôler son comportement et par le fait de continuer ce comportement malgré la connaissance des conséquences négatives à plus ou moins long terme. La notion de conduite addictive peut concerner à la fois les substances psychoactives (alcool, tabac, substances illicites…) et les comportements, sans substances psychoactives (jeu, écran…)

Le Dr. William Lowenstein (addictologue et auteur de Ces dépendances qui nous gouvernent) définit l’addiction comme « une maladie dont les caractéristiques sont l’inefficacité de l’effort pour s’en sortir et la perte de la volonté ».

Qu’en dit l’OMS ?

Dans sa version préliminaire de la Classification Internationale des Maladies (CIM 11), l’Organisation Mondiale de la Santé reconnaît « les comportements sexuels compulsifs » comme un « trouble du contrôle des impulsions », mais ne parle pas encore « d’addiction au porno » au sens clinique du terme. Ce document devrait être officiellement applicable au 1er janvier 2022.

Quand on parle d’addiction au porno, il s’agit donc d’un abus de langage courant comme on parle d’addiction aux achats ou aux jeux vidéos alors qu’il s’agit de compulsion.

Ces documents officiels ne sont toutefois pas des bibles figées dans le marbre mais plutôt une photo de l’état des connaissances à un moment donné. La recherche étant en constante évolution.

Cela fait des années qu’on en parle : un groupe de chercheurs de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) avait par exemple publié une étude démontrant que l’activité du cerveau des dépendants sexuels soumis à de la pornographie, était identique à celle des toxicomanes. Ils montraient ainsi que ce trouble se manifeste de la même manière que des addictions communément acceptées comme telles (alcoolisme, drogue et cyber dépendance).

Maladie ou non, « l’addiction à la pornographie » peut être définie comme un usage excessif avec perte de liberté et souffrance personnelle due à l’incapacité de se maîtriser (rechutes permanentes).

Comment devient-on accro au porno ?

La compulsion pornographique peut être vue (au sens non clinique du terme) comme une addiction comportementale ou « toxicomanie sans drogue ». Elle passe, comme l’addiction à des produits par : une phase de découverte, une phase d’accoutumance, une phase d’abus.

Elle ne doit pas être confondue avec l’addiction au sexe qui est souvent le stade suivant.

La découverte

La découverte du porno a lieu en général à l’adolescence. On découvre son corps et sa sexualité avec les premiers orgasmes. L’autre attire, le corps est en émoi et les hormones titillent fort. Puis le porno attire par curiosité. On regarde, juste pour voir. Pour savoir. Tout ce qui est érotique contribue à cet intérêt.

La répétition puis l’accoutumance

Le plaisir facile de l’orgasme auquel on aboutit devant des images érotiques vont produire une vraie habitude de consommer des films X.

Petit à petit, à force de répétition, de découvertes de nouvelles pratiques et de nouveaux sites, l’internaute finit par tomber dans l’accoutumance.

Cette phase d’accoutumance est rapidement d’actualité de par la facilité déconcertante d’accès à de la pornographie. Dans son salon, sa chambre, depuis son téléphone… Là où il fallait auparavant se déplacer pour acheter un magazine, il suffit maintenant d’un seul clic !

L’abus

Le consommateur de pornographie va progressivement monter les doses par accoutumance et par excitation de la nouveauté.

L’addiction crée un besoin de séquences de plus en plus fantasmatiques (partenaires multiples, pratiques avec lesquelles il n’adhère pas dans la « vraie vie »…). Et va finalement s’accoutumer à ses abus.

Le dépendant en arrive à ce qu’on appelle la compulsion : une sorte de boulimie de pornographie, une dépendance physique aux hormones qui circulent dans le cerveau (adrénaline, dopamine et endorphine).

Cette phase s’appelle en psychologie le craving : le besoin incontrôlable de se soulager pour avoir son shoot d’endorphine. Il va sur des sites porno alors qu’il n’en a pas la volonté, dès qu’une pulsion se présente ou au moindre début de stimulation.

La vidéo ci-dessous résume bien le processus en images :

Qui est concerné par l’addiction au porno ?

L’addiction à la pornographie est susceptible de concerner tout le monde !

Les hommes ont plus tendance à y venir facilement que les femmes pour des raisons physiologiques : le désir est toujours là, pas de répit, pas de (méno)pause. Mais elle peut concerner vraiment tout le monde ! Nombre de femmes tombent aussi dedans.

Les addicts sont souvent poly-dépendants. La règle en matière d’addictions est la poly addiction : elle relève d’une difficulté à gérer le système hormonal de la récompense. On se retrouve alors alcoolique, drogué au travail, à internet, à la nourriture.

Quels sont les symptômes ?

Si vous vous posez la question pour vous, faites le test : êtes-vous porno dépendant ?

Si vous vous posez la question pour un proche, c’est moins facile à cerner. La personne qui souffre d’addiction à la pornographie continue à vivre normalement en apparence. Vous trouverez peut-être :

  • des mouchoirs suspects près du lit,
  • des recherches récurrentes d’isolement,
  • des photos érotiques ou pornographiques sur l’ordinateur ou dans la corbeille,
  • des factures de téléphone exorbitantes,
  • des retraits bancaires inexpliqués,
  • des périodes d’irascibilité inexpliquées du fait de la honte de soi,
  • des pertes de confiance en soi,
  • l’incapacité d’avoir un rapport sexuel complet (troubles érectiles, éjaculation précoce…)
  • une volonté de toujours, toujours, tou-jours faire l’amour,
  • ou au contraire un désintérêt apparent dans le domaine sexuel.

Attention, cette liste est à prendre avec des pincettes car pris un par un, ces critères ne veulent rien dire !

Il faut parler, ne pas juger trop vite, avoir une bonne capacité au dialogue pour arriver à parler de cette dépendance dans un couple.

Quelles formes cela peut prendre ?

Il n’existe pas une seule dépendance mais différents types d’addictions sexuelles dont la porno dépendance est une forme. Certains seront accros :

  • aux histoires érotiques,
  • aux films pornos,
  • aux sites de strip-tease (cam),
  • aux tchats sexuels,
  • etc.

La personne dépendante au porno peut avoir besoin de sa dose d’hormones :

  • n’importe où (au travail, dans les transports, à l’hôtel…),
  • n’importe quand (le jour, la nuit, sans raison particulière).

Cette addiction au X dévie parfois petit à petit vers une addiction au sexe avec la masturbation compulsive, la multiplication des partenaires ou le recours récurrent à de la prostitution.

Quels sont les effets d’un tel désordre ?

Voici quelques effets possibles :

  • isolement psychologique lié à la honte de soi,
  • perte du goût des choses simples,
  • absence au moment présent,
  • troubles érectiles,
  • difficulté à se maitriser sexuellement (éjaculation précoce),
  • irascibilité,
  • pensées et fantasmes à caractère sexuel permanents,
  • isolement et dégradation du dialogue dans le couple, dans la famille,
  • attirance vers des pratiques de plus en plus extrêmes ou déviantes,
  • dans les cas les plus extrêmes, pensées suicidaires.

Le sevrage de porno en quoi ça consiste ?

Le sevrage, consiste à se désaccoutumer d’un produit ou d’un comportement. C’est perdre une habitude ancrée de faire ou de consommer une substance (dans le cas du porno : des hormones).

Un sevrage est fait de déclics, de paliers successifs et progressifs. Ces paliers sont uniques selon les individus. Il est impossible de dire lesquels seront les vôtres. C’est à chacun de se donner des moyens en fonction de son mode de vie ; de tester des façons de faire sur la durée… et de trouver ses propres manières de gérer le sevrage.

Combien de temps dure le sevrage ?

On ne se débarrasse pas d’une addiction d’un coup de baguette magique. En addictologie (que l’on parle de drogue, d’alcool, de tabac, de boulimie ou de pornographie) :

  • en dessous de 5 ans, on parle d’un sevrage court,
  • entre 5 et 10 ans, un sevrage moyen,
  • au delà de 10 ans, on parle d’un sevrage long.

Ce qui compte c’est l’amélioration continue et finalement, durable.  Elle est le fruit de ces paliers évoqués plus haut. Il convient donc d’être persévérant et patient et de reprendre goût aux choses simples de la vie sans se braquer sur des échecs.

Pas de stress, ayez confiance en vous ! La dépendance physique finira par s’estomper avec le temps.

Le sevrage définitif est-il possible ?

Le sevrage pur et dur n’est donc pas un but ultime à atteindre. Souvent, quand on se croit arrivé, c’est la rechute qui s’en suit.

Je m’interroge vraiment sur ce que signifie “sorti durablement”. Il y a quelques années, je fréquentais beaucoup les forums. J’adhérais à une notion de “s’en sortir” qui appelait un après, une guérison, dans lequel on pouvait se projeter et espérer – bref, une notion de sevrage. Cette croyance là m’a mené à des rechutes, inlassablement, inexorablement.
Dominique des DASA – Dépendants Affectifs et Sexuels Anonymes

L’important, c’est l’amélioration continue. Il y a rarement un avant plein de porno et un après sans aucune compulsion, zéro. Il n’y a pas un avant et un après brutal mais il y a un passé et un futur. Et dans le futur, on peut s’en « sortir durablement ». Mais durablement n’est pas définitivement : il faut TOUJOURS rester vigilant !

Ainsi, la rémission peut être durable et stable. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rechuter, mais de moins en moins, et si cela arrive, on ne se laisse pas prendre au cercle vicieux de la dépendance.

Que faire pour s’en sortir ?

Prise en charge par un psychothérapeute addictologue

Vous pouvez consulter un psychothérapeute spécialisé en addictologie. Vous les trouverez en cabinet libéral ou un centre de soin spécialisé. Pour vous aider, voici deux annuaires dédiés aux addictions :

  1. L’annuaire de l’Institut Fédératif des Addictions Comportementales (IFAC),
  2. L’annuaire d’Adict’Aide avec possibilité de sélectionner un médecin ou un centre de soin.

Renseignez-vous bien sur les domaines couverts par tel ou tel centre. Tous ne gèrent pas des addictions comportementales. Par exemple, il est possible de se mettre en relation avec des Maisons des Addictions mais généralement elles ne traitent pas de ce trouble du comportement.

Si vous ne pouvez pas vous déplacer, vous pouvez trouver des praticiens en ligne comme des addictologues, des psychologues ou des sexologues.

Nota : l’usage du titre d’État de psychothérapeute est réglementé depuis 2010. Sont concernés : les professionnels docteurs en médecine, ou titulaires d’un master en psychologie ou en psychanalyse. Ils doivent avoir validé une formation supplémentaire en psychopathologie clinique.

Se documenter et ne pas rester seul

Pour les autres : documentez-vous, battez-vous.

Le livre associé à stopporn pourra vous être d’une aide précieuse pour arrêter le porno. Il faut lutter indirectement en prenant soin de son hygiène de vie, en voyant les choses du bon côté et en luttant pour la vie.

Faut-il quitter un porno dépendant ?

La question se pose souvent pour les co-dépendant(e)s et la réponse n’est pas tranchée. Le simple fait que votre partenaire soit accro au porno n’est pas une raison impérieuse pour partir.

Vous devez vous poser les bonnes questions. Votre conjoint admet-il sa dépendance ? S’il la nie, la relation est compromise. Il se peut toutefois que le dialogue lui permette de prendre conscience de cette souffrance. Il semble donc souhaitable de lui laisser le temps d’accepter son état.

S’il s’enferre, partez, car vous ne pouvez ramer tout(e) seul(e) et vous vous exposez à beaucoup souffrir.

addiction pornographie

Conclusion

Tout ça peut aller loin. Mais en se donnant des moyens simples et concrets, il est possible de sortir de la dépendance sur le long terme.

C’est-à-dire de retrouver sa liberté intérieure et de (ré)apprendre à maîtriser sa sexualité, ses désirs, ses pulsions.

Pour aller plus loin :

Dans mon livre – préfacé par un professeur en addictologie – je présente la méthode que j’ai mise en place pour m’en sortir. Comme les commentaires des lecteurs en disent plus sur tout ce que je pourrais dire à ce sujet, allez jeter un œil sur ceux-ci pour vous faire une idée du contenu.

Addiction au porno : comment s'en sortir

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