Dominique est un ancien des forums pour vaincre la dépendance au porno. Il est maintenant actif avec les DASA. Il m’a accordé un peu de son temps pour quelques questions.
Bonjour Dominique, tu t’es sorti durablement de la dépendance au sexe. Tu es donc ce qu’on peut appeler un “ex-dépendant” n’est-ce pas ?
Avant tout, je m’interroge vraiment sur ce que signifie “sorti durablement”. Il y a quelques années, je fréquentais beaucoup le forum dependance-sexuelle.com. J’adhérais à une notion de “s’en sortir” qui appelait un après, une guérison, dans lequel on pouvait se projeter et espérer – bref, une notion de sevrage. Cette croyance là m’a mené à des rechutes, inlassablement, inexorablement.
Figure-toi que j’ai fini par définir comme néfaste pour moi d’aller écrire sur un forum, ou même de m’y connecter pendant un temps… parce que je n’avais pas vu que j’y tournais la manivelle de la manipulation de l’image de moi, de l’estime que j’en récoltais, en lisant les “Comme a dit mondom…”, “Comme dit si bien Mondom…”, “Merci Mondom qui a tant raison…” Au secours ! Je ne suis pas Mondom, je suis Dominique, et je suis dans la vraie vie même si le forum m’a servi beaucoup à une époque. Là au moins, on me reconnaissait à ma juste valeur, on m’adulait et on m’encensait, je me sentais utile et digne d’être aimé…
Depuis, tu es actif chez les DASA. Qu’est-ce que ce groupe t’apporte ?
Ce que je dois à DASA, c’est vraiment d’avoir pu prendre du recul sur tout ça. Et puis se voir avec d’autres en vrai et sans faux-semblant ou pseudonyme, c’est très riche pour moi. Comme nous étions confrontés à des problèmes similaires, voir que certains trouvaient des façons d’opérer de vrais changements là où il fallait pour réussir à améliorer leur condition, et pas seulement s’encourager à une abstinence qui n’est pas une fin en soi. Les enjeux n’étaient plus les mêmes. Ce que je pouvais vaguement confusément pressentir dans les notions du forum devenait précis.
J’ai découvert un vrai point de départ pour aller beaucoup, beaucoup plus loin !
Et donc pour toi, quel a été ce point de départ pour aller plus loin ?
Une chose qui m’a fait énormément évoluer, et accepter d’évoluer, ce qui n’est pas rien, a été de comprendre et intégrer que je ne m’en sortirai jamais durablement au sens où je l’entendais avant et même au sens où je le lis aussi sur ton site. Ce n’est pas que je sois condamné à la rechute, mais c’est que c’est un chemin de vie que je prends qui est différent d’avant, avec des nouveaux sens, des nouveaux enjeux, qui sont incomparablement plus adaptés qu’avant, plus intéressants aussi. Je prends en compte mes faiblesses liées par exemple à ma dépendance.
C’est à dire que dès que tu te crois arrivé, tu rechutes toujours ?
Oui, c’est tout à fait ça : si je me crois guéri, le stade suivant est forcément la rechute parce qu’en moi la construction de la dépendance est enracinée. En revanche, tant que je suis en rétablissement, et même s’il peut y avoir des pas en arrière, je ne cesse de progresser vers le mieux. Mieux avec moi-même, mieux dans ma vie, mieux avec les autres. Je ne compte pas les jours de sobriété. Je ne me focalise pas sur un score qui n’a plus de sens pour moi (ça en a eu au début, ça m’a aidé même mais plus maintenant). Je ne me juge pas, ne me punis pas, ne me condamne pas. Et je passe nettement moins à l’acte, et d’une façon différente et qui ne cesse d’évoluer.
Ce chemin de vie qui est extraordinairement plus attrayant et comblant que toutes les sensations fortes artificielles que j’ai pu m’injecter et en attendant plus de la vie ordinaire : tout ça me menait au cercle vicieux du vide dévorant. Vide qui me ramène sans cesse à la dépendance pour essayer de le combler…
Mais où tout ça va-t-il te mener ?
Le Graal de tout ça ? ce qui est merveilleux, c’est qu’il n’y en a pas. Du coup je peux jouir d’aujourd’hui sans espérer en un demain meilleur. Demain est aussi beau qu’aujourd’hui et aujourd’hui je le vis pleinement, avec ses revers comme ses joies.
Le vrai message de tout ça, c’est que je ne m’en suis absolument pas « sorti durablement ». C’est bien mieux. Je suis « durablement en rétablissement » et je suis heureux de me projeter dans 15 ans à venir encore en réunion DASA rencontrer de vrais amis, des anciens, et des nouveaux, en continuant d’être moi-même un nouveau parce que chaque jour est nouveau et commence à son début pour finir à sa fin.
Et crois-moi, du chemin, il m’en reste à faire, autant que de temps à vivre, et cela me remplit de bonheur de le savoir. Tu ne peux même pas imaginer !
Un mot pour finir ?
Oui, il ne faut pas oublier que ce chemin est individuel. Pour certains le compteur est indispensable par exemple, à un moment ou à un autre. Il y a autant de chemins, de rétablissements, de sorties durables, qu’il y a de personnes. Et ça n’empêche pas de trouver des points communs salutaires eux aussi !
L’équilibre c’est une chose mouvante, qui se cultive comme elle évolue. Seul ce n’est pas facile, mais avec les autres qui eux aussi évoluent, on progresse, et si on s’est fixés un objectif commun (par exemple pour les groupes d’entraide, le rétablissement, la sobriété, que sais-je…) eh bien chacun suit un chemin plus ou moins parallèle à travers l’environnement qui le sépare du but.
Mais au final si tout va bien un grand nombre de gens vont s’y retrouver en s’étant aidés à le faire.
Je remercie Dominique du temps qu’il m’a accordé. Ce que je retiens de cette intervention, c’est :
1. l’humilité qu’il faut pour être durablement en rétablissement : ce que j’appelle le sevrage. Quand on croit qu’on a gagné, on rechute souvent (du moins au début).
2. il n’y a pas un avant et un après brutal mais il y a un passé et un futur. Et dans le futur, je reste convaincu qu’on peut s’en « sortir durablement » même si on n’aime pas se le dire quand on a constaté que l’humilité est nécessaire. Mais durablement n’est pas définitivement : toujours rester vigilant…
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Crédit photo CC BY SA
Tout d’abord, merci d’avoir construit ce blog et d’écrire ces articles que tu publie régulièrement.
Il est primmordiale de prendre conscience de ce fléau.
Es-ce qu’il y aurait des témoignages de personnes qui s’en sont sortis sans avoir ressentir le besoin de rechuter? Si oui, et même si c’est propre à chacun, quel est la période moyenne du sevrage?
PS: Au passage, vous pourrez constaté sur les statistiques de recherches Google par mot clé, (Adwords) la popularité de certaines plate-forme de streaming bien connu.
Merci Jhean pour ton commentaire..
Si par témoignage sans rechuter tu entends « plus de porno » oui j’en connais, d’où ma conclusion à l’article. Certains parlent de 18 mois sans rechute pour être sevré. Si on s’en donne les moyens, je dirai que ça dure plusieurs années. Dans mon cas, j’ai mis 3,5 ans après le début sérieux de ma démarche. Ce qui marche c’est de changer son état d’esprit, être détendu et prendre soin de soi.
Merci pour l’astuce des mots-clés.
jhean, perso, cela fait 5 mois que je ne consomme plus de porno. Le début à été facile. Maintenant, c’est un peu plus difficile. Je ne sais pas si je pourrais me considérer un jour comme « sorti » du porno. Je me contente de profiter de revivre.
Quand on est fortement dependant à quelque chose que ce soit la cigarette, l’alcool, le cannabis il vaut mieux faire une cure assez longues pour decrocher un bon coup. Mais une fois qu’on s’est debarassé de cette habitude on peut revenir à ces plaisirs de maniere saine et occasionelles sans retomber dans l’addiction. J’ai été accroc à la cigarette et j’ai arrété depuis des années, j’ai eu des periodes ou je buvait un peu trop souvent et je sentais une dependance s’installer. Je n’ai plus ce problème aujourd’hui et de temps en temps je bois quelque verres et fummes quelques cigarettes. Pour la cigarette le lendemain j’en ai toujours encore un peu envie mais ça ne dure pas plus d’un jour, le surlendemain je n’y pense même plus. Pour le porno c’est à mon avis la même chose, il faut juste eviter d’acceder à des contenus pornographique et même se refuser d’y penser, de fantasmer jusqu’à l’oublie. Après cette periode passée, si vous ête celibataire et que vous avez une consomation du genre une ou deux fois par mois il n’y à aucun problème … mais attention quand je dis une ou deux fois par mois les 28 ou 29 autres jours c’est proscrit :) mais ça n’est pas un problème une fois qu’on à decroché car le cerveau se sera déja adapté.
J’avais en un temps poste un commentaire ou j’annoncais le début de mon sevrage
A ce jour force est de constater que je n’ai pu tenir que 63 jours ce qui montre à quel point cette dépendance vous tient
Je reprends mon double sevrage depuis hier 1er sept. Je précise bien double sevrage car pour moi le cerveau ne fait aucune différence entre une masturbation sans support visuel et une avec
Aujourdhui la donne a changé puisque j’en ai parlé à mon épouse qui s’est révélée compréhensive et sans jugement aucun
Je reste persuadé que seul vous n’avez aucune chance d’arriver à vos fins il faut partager ce combat tout en restant bienveillant avec soi même
J’ai prévu d’utiliser un outil un bol tibétain qui me permettra d’essayer la méditation de pleine conscience
L’idée Ce sont vos pensées qui conditionnent vos actes
Dans votre cerveau passent tout au long de la journée des pensées positives comme négatives
Je garde les positives en les transformant en action et je laisse passer les négatives sans les juger et surtout sans les transformer en action
Certainement plus facile à dire qu’à faire mais avec de l’entraînement une réelle volonté un soutien je pense pouvoir y arriver
Bienveillant avec soi même c’est aussi éviter toute forme de stress de fatigue se méfier des périodes où vous êtes seul en vous occupant sainement travailler ses passions.
Florent avait entamé un régime donc par voie de consequence s’était intéressé à la cuisine
Pour ma part je suis musicien à mes moments perdus assez sportif tennis course à pieds
Mais pris par cette spirale de laddiction vous vous apercevez à un moment que vous faites du sur place et que vos passions qui étaient l’essence même de votre adn passent en second voir 3 ème plan
Ce qui caractérise une addiction c’est la perte de la liberté de s’arrêter. Que cet adage est juste !
Tout est poison rien n’est poison c’est la quantité qui fait le poison
Pas mal non plus, mais pour ma part je nai jamais réussi à contrôler ma consommation
Avec quelques recherches sur le cerveau j’ai entendu parler de l’effet coolidge partant du postulat que c’est la nouveauté ( corps sans cesse renouvelés. ……) qui crée laddiction
Et c’est vrai puisque pour ma part je nai jamais regardé 2 fois la même scène.
Il faut reconnaître aussi que les moteurs de recherche extrêmement bien faits ( recherche rapide pour trouver telle type de pratique, telle type de femme……. ) viennent nourrir littéralement cette addiction
Bref tout est fait pour venir entretenir cette dépendance.
S’apercevoir cependant à travers ce site que lon est pas seul à avoir été pris la main dans le pot de confiture ( jassume cette metaphore ) rassure quelque peu.
Un grand merci à florent pour la création de son site qui a certainement permis à beaucoup de contributeurs d’entrevoir le bout du tunnel.
J’ai donné mon ressenti exposé mes outils mais je reste persuadé qu’il n’y a pas une seule mais des facons de s’en sortir i
A chacun de trouver sa voie.
Il ne me reste plus qu’à souhaiter bonne chance à tous pour la voie de la guerison !
C’e sont des pages certainement utitiles et intéressantes sur le sujet mais je suis étonné que le lien avec la masturbation ne soit jamais évoqué. Les adolescents qui font usage.le font avat tout pour se masturber je crois que le mot n’a pas été employé une seule fois dans toute l’étude!). La pornographie est une incitation à la masturbation. Du reste autrefois et comme l’étymologie du mot l’indique, elle était écrite (ces livres qu’on ne lisait « que d’une main » ). Le jeune qui n’aura connu que le plaisir masturbatoire du porno dès ses premiers orgasmes ne pourra plus se passer de cette dualité. Et quand il s’agira de penser un peu à concrétiser la sexualité et se trouver une petite amie (une copine comme on dit plutôt de nos jours) il aura bien du mal. En effet aussi charmante et mignonne puisse-t-elle être elle lui paraîtra bien fade à côté des stars du porno que d’un clic il convoquait sur sur son écran tous les soirs sous la couette( animée de soubresauts cadencés significatifs) pour des prestations hautement suggestives qu’il pouvait d’ailleurs faire varier à volonté. Un excellent téléfilm sue le sujet d’un ado « porn-addict » obligé quand il voulait honorer sa copine de placer son smartphone sur l’oreiller à côté d’elle et voir en même temps un porno sans lequel il était tout simplement impuissant ! .( « Connexion intime » passé et revu sur France2 et disponible en replay ou VOD)