Alice au pays du porno s’appuie sur une étude qui a consisté à recueillir et analyser 300 témoignages d’adolescent de Paris et de province. Il a été rédigé par Michela Marzano et Claude Rozier et publié en 2005.

L’imaginaire sexuel des ado

À travers ce livre, on comprend mieux l’imaginaire des adolescents quant aux images pornographiques. À travers quelques témoignages retranscrits par écrit et analysés par les auteures, les ados se livrent. Le questionnaire et les statistiques sont consultables à la fin du livre. La moyenne d’âge des ados interrogés est de 17 ans (56% de garçons et 44% de filles).

Pour beaucoup d’ados, bien qu’ils disent que porno et vrai sexe soient très différents, c’est important pour se donner des idées et découvrir des choses ! Les adolescents ont finalement une image assez confuse de la sexualité et de la pornographie. Le livre insiste souvent sur les tournantes et comment les ados les perçoivent. Il en ressort un fait vraiment navrant : « les femmes sont divisées en deux catégories : les vierges et les non vierges (les filles faciles) » (p. 102). C’est affligeant mais c’est pourtant une réalité !

De beaux passages sur la sexualité

Les témoignages sont ponctués d’intermezzos à propos de l’impact des images, de la sexualité, de l’adolescence. Ces passages sont très documentés, ce qui me donne une bonne liste de lectures pour la suite !!

Les auteures plaident pour un retour en grâce de l’érotisme qui est étouffé par la pornographie. Par exemple, « même si un couple vit une véritable relation sexuelle, après avoir visionné un porno, l’autre partenaire reste souvent caché et masqué par les images » (p. 83).

« Dans la sexualité, donner et prendre ne font qu’un, on donne en prenant et on prend en donnant, dans une rotation infinie de l’avoir et du non-avoir. Et s’il y a toujours quelque chose de l’autre qu’on saisit, il y a aussi quelque chose qui échappe, quelque chose qui reste à désirer. Dans la jouissance, il y a sans cesse un défaut, une absence. » (p. 164)

Des points à creuser dans un prochain ouvrage ?

Un regret : il n’est question que de pornographie professionnelle « traditionnelle ». Il n’est fait nulle part mention des vidéos amateurs qu’on trouve en quantité pléthorique sur le Net et qui se veulent une image vraie de la sexualité. Il n’est pas non plus fait mention de vidéo homo, des cams, des sextos, de snapchat. Mais tout ça n’existait pas forcément en 2005… Tout change très vite.