Le témoignage d’Océane : son copain regardait du porno tout le temps

Cela va faire un an que « mon copain » m’a annoncé qu’il était addict à la pornographie. Il me l’a annoncé après une confrontation sur sa manière dont il regardait les filles dans la rue et son comportement avec certaines de ses amies. Je n’étais pas jalouse, je me posais rarement des questions et puis je me suis retrouvée prise dans une spirale de jalousie sans le vouloir.

Ça fait un an qu’il me l’a annoncé, un an qu’il m’en parle très rarement. Je dois avouer que je n’ai également pas su comment aborder cette addiction, à laquelle s’ajoute une addiction au cannabis.

Je sais qu’il sait quand il tombe dans la spirale: les traces sur les draps, les vêtement, les photos sur son ordinateur, des rapports sexuels très espacées, une incapacité à aller jusqu’au bout du rapport. J’ai essayé de lui en parler mais ma tristesse l’a emportée à de nombreuses reprises et puis la peur, la peur d’entendre.

Je me souviens d’avoir passé des journées entières à l’aider à trier ses affaires, à ranger, à se reposer, à lui laisser le temps de réfléchir quand il n’allait pas bien, a lui proposer des milliers de projets.

Ils se séparent

Un an après, nous sommes en train de nous séparer.

En lisant votre site, je me pose des milliards de questions. Je suis contente qu’on puisse enfin témoigner. C’est effrayant le peu de sites « fiables » sur ce sujet.

Ma psychologue a qui j’ai présenté la situation il y a peu m’a dit « c’est depuis qu’il vous a annoncé son addiction qu’il doute, qu’il se pose des problèmes sur votre relation ». Je sais qu’il se perçoit comme une mauvaise personne, que son addiction est un échappatoire, qu’il est dans une spirale nocive dont il n’arrive pas à sortir. Je me demande pourquoi ma psychologue a posé la chose de cette manière, je n’y avais jamais pensé, je pensais que c’était parce que je l’avais confronté avec jalousie.

Je suis remplie de tristesse à l’idée de ne pas avoir pu l’aider, à s’en sortir. Nous sommes en train de nous séparer et j’ai envie de lui dire que j’ai vécu avec son secret, que c’est lourd à porter (je n’en ai parlé à aucun de mes amis, famille) et que ça ne m’a jamais empêché de l’aimer mais que c’est difficile, que j’ai envie de l’aider, qu’il m’en parle.

Étrangement, ce problème m’empêche de concevoir notre rupture comme une rupture « normale », j’ai l’impression que nous sommes victimes de cette situation. Je suppose que la réponse à ce dénis réside dans le fait que nous n’avons pas réussi à construire une relation assez solide pour ce problème, important et dont trop peu de gens n’arrivent à parler.

L’addiction au porno est dégradante pour l’être aimé et l’être aimant. C’est un problème de notre temps que trop de gens ont tendance à oublier. La jeune génération s’enfonce dans un monde construit avec des images fausses sur la sexualité. J’en ai fait l’expérience avec des membres de ma famille…

J’ai vécu 2 ans avec un homme qui n’arrive pas à se regarder dans le miroir et à aimer les autres car il est addict à la pornographie et au cannabis. Que c’est dommage que l’on ne puisse pas en parler sans se sentir jugée. Je pense que le problème de cette addiction est aussi du au fait que trop de gens jugent, par peur ou incompréhension. La colère peut rapidement l’emporter mais ce n’est pas une solution.

J’envoie un message aux femmes et hommes qui vivent ou sont amoureux de personnes qui sont addicts à la pornographie, parlez en, aidez les et soyez courageux. Et surtout ce n’est pas de votre faute.

J’aimerais beaucoup avoir votre avis.

Mon avis

En lisant ton témoignage, plusieurs choses ressortent :

  • son rapport au porno et au shit qu’il n’arrive pas à gérer
  • le fait que tu aies l’impression de ne pas arriver à l’aider
  • vos problèmes de couple

Le porno et le shit

Pour sortir du porno quand on est addict, la volonté est nécessaire mais ne suffit pas. Ça c’est clair. Pour le shit, c’est pareil.

Si il veut arrêter le shit, y’a pas de secret, la solution c’est d’arrêter, au moins pendant un temps, de fréquenter d’autres consommateurs. Consommateurs, ne me jugez pas, je n’ai rien contre vous ! C’est juste que celui qui a la volonté d’arrêter et n’y parvient pas, s’il est sans arrêt en soirée entouré de gens qui bédavent, c’est chaud ! Faut savoir ce qu’on veut. L’important, c’est la perte de contrôle.

Pour le porno, c’est pareil, je pense qu’un filtrage Web (ou contrôle parental mais je n’aime pas ce terme) est, au moins pendant un temps, absolument nécessaire.

Ce n’est pas de ta faute !

Comme tu le dis, j’ai l’impression que tu as bien intégré ce qu’a dit ta psy. Et je suis d’accord avec elle (bien que je ne sois pas psy). Ce n’est sûrement pas ta jalousie qui lui pose d’abord des problèmes mais certainement plutôt le fait qu’il se prenne pour une merde car il n’arrive pas à contrôler ses pulsions.

Tu ne dois pas te sentir blessée par ça. Par le porno. Si il en regarde sans arrêt, ce n’est pas du tout un manque d’amour. C’est l’addiction.

Que tu sois prête à l’accepter, et pendant combien de temps, c’est une autre question à laquelle toi seule peut répondre bien sûr.

Écouter, parler et dialoguer encore

Tu dis avoir vécu avec son secret et que c’est lourd à porter. La question à se poser est « Est-ce trop lourd à porter pour toi ? » Visiblement non car tu aurais aimé qu’il t’en parle plus (mais tu dis aussi avoir « peur d’entendre »).

Je ne sais pas qui quitte l’autre. En tout cas, ça n’est pas un scoop, une des bases d’un couple qui veut durer, c’est le dialogue.

Je pense donc qu’il se prend pour une larve dénuée de volonté (c’est une hypothèse) et qu’il est d’accord pour arrêter votre histoire. Si c’est le cas, c’est dommage, car se sevrer est possible.

Ces addictions sont très, très, TRÈS répandues. Elles ne sont pas honteuses ! Il faut en parler. Voir ta psy ou un autre psy pourrait peut-être l’aider.

Courage.